Rencontre avec Cho Ryota

Cette rencontre est un véritable coup de foudre et un immense coup de chance. Merci destinée !!!

En sortant de la galerie Dohjidai, un peu cachée par l’escalier un magasin de gravures traditionnelles japonaises. Forcément j’y rentre et à peine ai-je fait 2 pas dans la galerie que je me retrouve nez à nez avec une incroyable licorne. Gravure sur bois en noir et blanc, monumentale. Pas tant par le format qui reste grand pour une gravure (un peu plus d’1 mais aucun recul donc difficile à estimer) mais pas inenvisageable que par la puissance qui se dégage du trait. Vraiment coup de foudre. Le galeriste vient nous parler. Aussitôt j’enchaine sur la licorne. 1er coup de bol : c’est le seul graveur exposé à être toujours vivant. Je formule mon souhait de le rencontrer. Il me répond que ça va être compliqué car il est à Tokyo en ce moment. Peut être même en Belgique. Ce n’est pas un problème puisqu’à ce moment là nous devions remonter vers Tokyo pour le mont Fuji. Le galeriste me donne un flyers sur l’artiste. Il n’y a aucune information utile excepté son nom. Je rentre, je cherche sur internet. Il est présenté comme une étoile montante de la gravure au Japon. Je revois la licorne et je me dis pas étonnant. Surtout que sa licorne n’a rien à voir avec l’ukiyo-e. C’est un bon vieux bois des familles, à l’occidentale (j’utilise vieux au sens affectif et non historique du terme). Ca doit les changer par ici.

Pas de site internet. Même sur google images on ne le trouve pas (en même temps la connexion est pas terrible ici) mais je le trouve sur FB. Je lui envoie un message, lui dit que le 19 je passerai vite fait sur Tokyo et que je serai honorée de le rencontrer. Finalement je ne remonterai pas sur Tokyo. Dommage. Dommage ? Voilà que je reçois hier une réponse de sa part où il m’informe qu’il est à Kyoto. 5 min plus tard rendez vous était pris et nous nous sommes rencontrés ce matin à la gare centrale de Kyoto, dans un café.

C’est quelqu’un de très timide et modeste. Nous avons essentiellement communiqué par google trad (faut vraiment que je travaille le japonais) mais du coup comme nous avons beaucoup papoté avant l’interview, je sais ce qu’il me dit avant de l’avoir traduite ! S’il utilise cette technique de gravure plutôt que le style japonais, c’est essentiellement pour la spontanéité du trait. Pour m’expliquer un peu plus son approche de la gravure et son choix pour ce type de technique il m a fait parvenir des articles sur l evolution de la gravure sur bois en Asie. Elle est présentée comme un medium à porter de tous et comme étant la technique des gens épris de liberté. “L histoire de la gravure sur bois dans les villes asiatiques ne doit pas représenter l agonie, la souffrance, ou la propagande.  C est une histoire de libération dans l expression subjective d un peuple oppressé “.

Alors j’extrapole mais je trouve que la licorne exprime pleinement cette soif de liberté.


(Mon coup de coeur !!!)

La semaine prochaine il part au Danemark pour une expo. Il m’a dit qu’il allait en profiter pour s’acheter de nouveaux outils de gravure : des gouges !!!! Il n’en trouve pas ici. Alors moi je ris parce que je les ai dans mon sac à main et que je comptais profiter du voyage pour acheter les outils que lui utilise.

Il m’a montré son book qui m’a mis des étoiles plein les yeux. Je lui ai demandé pourquoi il n’avait jamais exposé à Paris puis qu’il allait déjà souvent en Europe. Manque de contact. Problème réglé.On a déjà commencé à parler d’expositions communes en France et au Japon et je lui ai confirmé que la porte de mon atelier lui était grande ouverte pourvu qu’il vienne en France.

Cet artiste semble être un grand timide d une extrême modestie alors ne vous attendez pas à trouver son site. Son travail n est visible que par les galeries qui le représentent et par petites doses sur son Fb.

Artiste Explorateur : Laura Loriers. Kyoto. 20/07/2019

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